Éducation sexuelle : 6 conseils pour parler du consentement aux enfants
Rockiemag.com - Janvier 2019
Pas besoin d'attendre l'adolescence pour parler de sexualité et de consentement avec les enfants !
Pour lutter contre les violences sexuelles, rien de tel que de sensibiliser les adultes de demain (et donc les enfants d’aujourd’hui) à l’importance du consentement. Voici quelques conseils pour y parvenir.
Conseil n°1 : ne pas attendre l’adolescence
Parler de consentement (et de sexualité en général) au moment de la puberté, c’est déjà trop tard. Il est important, en tant que parent et plus globalement en tant qu’adulte, d’essayer de créer une relation de confiance et un espace de discussion sur ce sujet-là dès que possible. On peut parler très tôt de corps et de sexualité aux enfants en s’adaptant à leur âge.
“L’adolescence ça se vit entre pairs, en opposition à ses parents, donc ce n’est pas l’idéal pour démarrer un dialogue”, explique Émilie Parent, coordinatrice et éducatrice de l’association PULSE qui organise des ateliers d’éducation à la sexualité pour les adultes et les enfants.
À l’adolescence, les jeunes vont spontanément se tourner vers d’autres sources d’informations que leurs géniteurs. Autant faire en sorte de leur avoir fait passer quelques messages auparavant.
En plus, les enfants sont parfois confrontés au sujet plus tôt qu’on ne le pense. Un tiers des personnes âgées de 18 à 30 ans a déjà regardé un porno à l’âge de 12 ans, selon une enquête OpinionWay de 2018.
Sans oublier, bien sûr, que l’éducation au consentement peut donner des clés aux enfants pour faire face à des situations beaucoup plus dramatiques, comme des actes pédocriminels ou des attouchements et agressions sexuelles entre enfants (oui, ça existe, et ce, dès la maternelle).
Conseil n°2 : en parler autant avec les garçons qu’avec les filles
Bon, ça tombe sous le sens, mais c’est quand même important de le rappeler. Spontanément, en tant que (futur) parent, on a naturellement tendance à vouloir protéger nos filles d’une éventuelle agression sexuelle (ou d’un viol) en leur répétant : c’est ton corps, tu peux dire “non”, etc. Accompagné parfois, d’un tas de messages anxiogènes et toxiques à base de “la nuit c’est dangereux” ou “tu vas pas sortir habillée comme ça” etc. (Mais on en reparlera parce que ce n’est pas le sujet de cet article…)
On oublie parfois que les garçons peuvent eux aussi être victimes (notamment quand ils sont mineurs) et surtout – même si c’est insupportable à imaginer – qu’ils pourront être de potentiels agresseurs plus tard.
Comme le souligne très justement Aurélia Blanc dans son livre Tu seras un homme féministe mon fils : “Nous nous inquiétons du jour où nos filles seront agressées, sans concevoir un instant que nos fils puissent être les agresseurs”.
Le mieux c’est donc d’apprendre à tout le monde à dire “Oui” ou “Non”, et à s’enquérir du consentement de l’autre. Rien de tel que l’éducation au consentement pour lutter contre les violences sexuelles.
Conseil n°3 : adapter le vocabulaire à l’âge des enfants
La notion de consentement, qui est plutôt juridique, n’évoque évidemment rien à des pitchounes de 3 ans (et demi ! À cet âge, ça compte). Mieux vaut donc privilégier des formulations et des exemples adaptés à leur niveau de compréhension : “si on te propose de faire quelque chose, comme jouer ou faire un bisou, tu as le droit de dire oui ou non, et les autres aussi”. Attention toutefois à bien choisir les mots que l’on utilise pour désigner certaines choses . Émilie Parent, par exemple, déconseille de parler de “câlins”, pour répondre à un enfant qui s’interroge sur ce que “faire l’amour” veut dire. “Les adultes font aussi des câlins aux enfants, donc utiliser ce terme dans ce cadre-là, peut créer de la confusion. Moi je préfère utiliser l’expression “s’embrasser avec tout le corps”, mais chacun peut réfléchir à la bonne formule”, complète-elle.
Enfin, l’éducatrice recommande d’utiliser des termes exacts pour parler des organes génitaux : pénis, vulve, testicules, vagin, etc. Et pas uniquement des surnoms comme zizi ou zézette. “Pour moi, c’est vraiment la base. C’est important qu’ils connaissent ces termes-là et apprennent à en parler sans gêne” .